Chacun était quelqu'un

Chacun était quelqu’un. C’est la devise qu’avait choisie le Collectif des Morts de la Rue lors de l’hommage qu’il avait rendu aux morts de la rue en 2022. Nous avions alors publié un article sur les chiffres du collectif. Ils évoquaient les 624 personnes décédées en France pour l’année 2022.

Ce chiffre a malheureusement augmenté en 2023 où 735 personnes ont perdu la vie alors qu’elles vivaient en condition de rue (à la rue, personnes sans logement hospitalisées ou en structure d’hébergement). Ce chiffre augmente chaque année depuis la création du collectif en 2003.

 
Ces personnes avaient en moyenne 48,8 ans, soit 31 ans de moins qu’en moyenne en France lors du décès. Ces décès sont dus à plusieurs facteurs : mauvaises conditions d’hygiène, vieillissement précoce, maladies et manque d’accès aux soins, difficultés psychiques liées à l’isolement social ou encore aux violences subies dans la rue. Notons encore cette année que ces chiffres peuvent être largement sous-estimés ; il s’agit là seulement des décès qui ont été remontés au collectif. Ils le précisent : « Nous apprenons chaque année des décès non recensés jusque-là qui concernent les années antérieures. Nous sommes bien en dessous de la réalité. »

 

Selon les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, 4,2 millions de personnes souffrent de mal-logement ou d’absence de logement. 330 000 sont sans domicile. Ce chiffre a doublé depuis 2012 (143 000 étaient dans cette situation il y a 12 ans).

« Le collectif des Morts de la Rue est d’autant plus inquiet qu’aujourd’hui en France, les situations de sans-abrisme portent atteinte aux droits les plus élémentaires des personnes en précarité extrême, alors que le droit au logement est un droit fondamental, reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Préambule de la Constitution et par la loi. »


Dans le Calvados, 10 décès de personnes sans logement ont été recensés en 2023. Leur moyenne d’âge était de 49,7 ans. Le plus jeune avait 29 ans et le plus vieux 65 ans. Il s’agit de 3 femmes et 7 hommes.

Ces décès ont été remontés au collectif via les services sociaux : centres d’hébergement, dispositif 115 ou encore Samu Social, régulièrement en lien avec le CMDR pour retracer les récits de ces personnes.

Pour cet article, le CMDR nous a envoyé l’un de ces récits :

Robert (prénom d’emprunt), 63 ans, Calvados :

« Robert avait perdu ses parents étant enfant et avait été élevé ensuite par son oncle. Il avait alors été séparé de son frère. C’était une personne vulnérable, qui, même s’il était décrit comme “grande gueule”, était très fragile et très influençable. Cette fragilité se retrouve d’ailleurs dans son accompagnement social, puisqu’une curatelle* avait été mise en place pour l’aider dès la fin des années 1990.

Robert avait fumé pendant des années, et des problèmes pulmonaires chroniques avaient été identifiés. Il est décédé dans le CHRS dans lequel il était depuis un peu moins d’un an, après avoir été en hôtel social (là encore) un peu moins d’un an. Avant l’hôtel social, il était déjà en CHRS depuis 10 mois environ, à la suite d’un passage en hôpital psychiatrique. »

Le Collectif des Morts de la Rue, c’est une équipe de professionnels salariés et en service civique ainsi que plus de 150 bénévoles. Au-delà des remontées de chiffres, leurs missions visent à mettre la lumière sur ces histoires de vie. Un hommage national aux personnes mortes de la rue est organisé chaque année aux Arènes de Lutèce à Paris. Par ailleurs, ils proposent aussi des accompagnements au deuil à destination des familles et des équipes professionnelles qui côtoyaient ces personnes.

 
Le Collectif des Morts de la Rue, c’est une équipe de professionnels salariés et en service civique ainsi que plus de 150 bénévoles. Au-delà des remontées de chiffres, leurs missions visent à mettre la lumière sur ces histoires de vie. Un hommage national aux personnes mortes de la rue est organisé chaque année aux Arènes de Lutèce à Paris. Par ailleurs, ils proposent aussi des accompagnements au deuil à destination des familles et des équipes professionnelles qui côtoyaient ces personnes.


Pour en savoir plus, on vous renvoie vers leur rapport Dénombrer & Décrire sur l’année 2023 : https://mortsdelarue.org/


On compte sur vous pour partager cet article.

Merci à eux pour leur travail, malheureusement nécessaire tant ces personnes perdent la vie en dehors des regards.

Nous adressons une pensée à ces personnes ainsi qu’à leurs familles, amis et travailleurs sociaux qu’ils ont rencontrés.

L’équipe Récits Croisés